Discours prononcé par François de Rugy – 27 septembre 2017
Toast en l’honneur du Président Michel AOUN
Monsieur le Président, Cher Général Aoun,
C’est une grande joie aujourd’hui pour moi de vous accueillir avec votre délégation à l’Hôtel de Lassay.
Je voudrais en tout premier lieu vous exprimer ma gratitude pour la distinction que vous avez bien voulu me décerner. La Grand Croix dans l’Ordre du Mérite du Liban est pour moi un honneur et un motif de fierté, et je vous en remercie très chaleureusement.
Cette exceptionnelle marque d’amitié illustre la relation non moins exceptionnelle qu’entretiennent nos deux pays. Une relation unique, privilégiée, issue d’une histoire pluriséculaire, dont témoigne la langue française que nous avons en partage.
Votre élection a permis de surmonter la crise politique et la paralysie qui menaçaient l’État. Elle témoigne du sens des responsabilités des acteurs politiques libanais. Les élections législatives de mai prochain permettront, nous l’espérons, de parachever cette relance des institutions.
Le Liban est un havre de stabilité dans une région tourmentée par les conflits. Il supporte seul, de ce fait, le lourd fardeau de l’accueil d’un million sept cent mille réfugiés, qui représentent plus d’un quart des personnes résidant sur son sol. Aucun pays au monde n’a fait preuve d’un tel effort de solidarité. Il est de la responsabilité de la communauté internationale de vous aider à surmonter ce défi, par les relocalisations de réfugiés, et en soutenant dès à présent le retour en Syrie de tous ceux qui le souhaitent.
La spécificité libanaise tient aussi à la liberté d’expression et d’opinion qui règne dans votre pays, au respect du pluralisme politique, à la prise en compte des intérêts de tous, au sens de la négociation et du compromis dont votre élection témoigne. Ce choix démocratique est précieux dans une région où, à l’exception de la Tunisie, les printemps arabes de 2011 ont connu une issue décevante, voire dramatique.
Dans une région endeuillée par les guerres, où trop de minorités ethniques ou religieuses font office de boucs émissaires, le Liban, instruit par 15 années de conflit, affronte les défis d’une cohabitation entre sensibilités multiples. Le Pape Jean-Paul II l’avait écrit il y a près de trente ans : « le Liban est plus qu’un pays : c’est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident ». La protection des minorités est d’ailleurs sans doute l’enjeu le plus important pour le Moyen-Orient.
Avec ce toast, je veux vous dire, Monsieur le Président, notre attachement à l’amitié franco-libanaise, et au renforcement de ce message, si singulier et si précieux.