Réception en l'honneur de Monsieur Jens Stoltenberg, Secrétaire Général de l'Otan

Gala de l’OTAN
Salons de l’hôtel de Lassay – Mardi 14 mai 2018 – 20 h

Monsieur le secrétaire général de l’OTAN, cher Jens Stoltenberg,
Madame la ministre des Armées, chère Florence Parly,
Mesdames et messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et messieurs les députés et sénateurs, chers collègues,
Monsieur le chef d’état major des Armées,
Mesdames, messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir ici, à la présidence de l’Assemblée nationale, à la veille d’un colloque important pour la sécurité de l’ensemble de nos pays.

La France, vous le savez, compte parmi les membres fondateurs de l’OTAN, qui avait à l’origine son siège à Paris.
Si, en 1966, par la volonté du général de Gaulle, elle en quitta le commandement intégré, la France n’en resta pas moins fidèle à ses alliés à travers toutes les crises de la Guerre froide.
La France fut ainsi parmi les pays les plus mobilisés en faveur du déploiement des euromissiles pour rétablir l’équilibre face aux SS 20 soviétiques. Le Président Mitterrand était notamment intervenu en 1983 au Bundestag, où il avait interpellé les parlementaires allemands en ces termes « les pacifistes sont à l’ouest, les missiles sont à l’est ».
Et quand la Guerre froide prit fin, après la chute du Mur de Berlin, la France considéra que l’Alliance Atlantique conservait un rôle de premier plan pour le maintien de la paix.
Dans un monde devenu multipolaire, les pays de l’OTAN ont représenté un pôle de stabilité et de prospérité, indispensable à l’équilibre de la communauté internationale toute entière.
En réintégrant les structures militaires intégrées, en 2009, la France affirmait ainsi sa volonté de contribuer pleinement à cet effort : troisième contributeur au budget de l’Alliance, elle apporte des capacités militaires importantes, éprouvées au combat et couvrant toutes les fonctions du spectre, comme elle l’a montré au Mali et au Levant.

Mais la multiplication des crises et conflits régionaux s’est accompagnée, depuis vingt ans, de l’apparition de menaces nouvelles.
Certes, les nouvelles technologies nous ont rendus plus forts, plus réactifs, plus productifs, mais par certains côtés aussi, plus vulnérables. Des batailles invisibles ont lieu à travers le cyberespace, où les vieilles pratiques du sabotage, du terrorisme et de l’espionnage ont pris en quelques années des formes très modernes. Et je ne veux pas oublier les manipulations qui, cherchant à fausser les résultats des élections, tendent à saper notre modèle démocratique lui-même.
En 2018, la cybersécurité n’est plus une option futuriste, ni même une option tout cours d’ailleurs. C’est une exigence pour nos démocraties et pour nos économies ouvertes : soyez assurés que les députés français en ont pleinement conscience.
Les cybermenaces existent, elles ont déjà causé des dégâts considérables des deux côtés de l’Atlantique et nous savons que notre avance technologique constitue un capital précieux qu’il ne faut pas laisser perdre.
Au contraire, en nous alliant sur ce nouveau champ de bataille, nous renforçons collectivement notre sécurité en présence d’une menace protéiforme qui vise aussi bien les services de l’État que les entreprises et les citoyens.

La France a confirmé son ambition cyber à travers la revue stratégique de cyberdéfense élaborée par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Elle marque le début d’une stratégie française de cyberdéfense au bénéfice des citoyens, des institutions et de l’ensemble des acteurs qui participent au dynamisme économique, industriel, social et culturel du pays.
La prochaine loi de programmation militaire, qui portera à l’horizon 2025 les ressources de la défense à 2% de la richesse nationale, offre des moyens accrus pour la lutte dans le cyberespace : entre 2019 et 2025, les armées y consacreront 1,6 milliard d’euros et un millier de cyber combattants supplémentaires seront recrutés.

L’Assemblée nationale française s’est saisie de ces questions, au sein de sa commission de la défense en particulier, mais aussi à travers la création de deux missions parlementaires d’information dont je salue les travaux. L’une porte sur la cyberdéfense et l’autre sur les enjeux de la numérisation des armées.
Un groupe d'études sur la cybersécurité et la souveraineté numérique a également été créé.

Dans son propre fonctionnement, l’Assemblée nationale a pris les précautions d’usage et combat au quotidien les cyberattaques qui la prennent pour cible : malgré des tentatives nombreuses, notre site, notre messagerie et l’ensemble de nos services en ligne n’ont jamais été paralysés par les diverses formes de cybermalveillance. J’en suis fier, même si ce n’est surtout pas une raison pour se reposer sur nos lauriers : au contraire, et vous la savez mieux que moi, la cybersécurité requiert une vigilance constante.

Les parlementaires français sont également actifs au sein de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, qui se réunira dans une dizaine de jours à Varsovie, saluant ainsi le centenaire de la restauration de l’indépendance polonaise. Je sais que la commission des Sciences et Technologies travaille sur le sujet du cyberespace dont la reconnaissance comme théâtre d’opérations a été une étape importante pour l’OTAN.

Enfin, monsieur le secrétaire général, cher Jens Stoltenberg, j’ai noté que parmi les prochains rendez-vous de l’OTAN, après son sommet de juillet, l’exercice CYBER COALITION qui aura lieu en novembre en Estonie sera l’un des plus grands exercices de cyberdéfense au monde. Madame la ministre des Armées ne me contredira pas si j’affirme que la France y prendra toute sa part, comme elle le fait dans toutes les actions de l’Alliance.

À cet égard, je suis heureux que Paris redevienne, pour une journée, le centre de réflexion de l’OTAN.

Je vous remercie et, en attendant la conférence qui se tiendra demain à l’École militaire, je vous souhaite une excellente soirée.